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Introduction à la photo numérique

(Deutsche Uebersetzung "Einführung in die Digitalfotographie", hier anclicken)

Par Michel et Marc A. Viredaz

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Sommaire :

La photo numérique

Le nombre de pixels

Le format d’enregistrement

La compression

La profondeur (nombre) de couleurs

L’espace couleur

La balance des blancs

Scanner des images

Photographier avec des films

Faire scanner ses films

Retoucher les images numériques

Certaines parties du texte sont en vert et en retrait. Il s'agit de renseignements supplémentaires qu'il n'est pas absolument indispensable de lire si l'on veut se contenter d'une connaissance générale du sujet.

La photo numérique

Une photo numérique, qu’elle provienne d’un appareil numérique ou qu’elle soit scannée à partir d’un film ou d’une image sur papier, se caractérise par différents paramètres :

  • le nombre de pixels (sa « dimension »)
  • le format d’enregistrement
  • une éventuelle compression des données
  • la profondeur de couleurs
  • l’espace couleur
  • et bien entendu la qualité de l’appareil, en particulier de son objectif, sans oublier la compétence du photographe…
  • Voyons cela un peu plus en détails.

    Le nombre de pixels

    L’image numérique est faite de points ou pixels, si petits qu’on a l’impression de voir des surfaces. Chaque point comporte les 3 couleurs fondamentales. Le nombre de pixels total de l’image s’exprime soit par un nombre en millions (par exemple 5 mio) soit par la longueur x la largeur (par exemple 2560x1920, soit 4915200, 5 mio en chiffres ronds). On se focalise parfois trop sur le nombre de pixels. En fait tous les pixels ne seront pas utiles au tirage, cela dépend du format de l’image finale. Sachez par exemple que 2,2 mio pixels suffisent pour une carte postale (10x15 cm) tant au laboratoire que chez l’imprimeur. Les plus grands nombres de pixels sont surtout utiles comme réserve si l’on veut  faire un plus grand agrandissement, ce qui n'est pas le cas tous les jours... Ils sont toutefois aussi utiles à la prise de vue pour permettre un redécoupage ultérieur de l’image.

    La définition est une résultante du nombre de pixels combiné avec la dimension de l’image finale. Elle s’exprime généralement en dpi (dots per inch, en français ppp, pixels par pouce). On la rencontre aussi, mais rarement, exprimée par cm. Tant les labos que les imprimeurs souhaitent 300 dpi environ. Si l’on reprend l’exemple de la carte postale ci-dessus, on trouve :

  • 10x15 cm = 4x6 inches

  • 4inchesx300dpix6inchesx300dpi = env. 2,2 mio pixels

  • Ce que l’on garde en plus charge la mémoire. Cela ne joue guère de rôle dans l'ordinateur ou lorsqu'on envoie les images par CD, mais il faut y penser pour les transférer par e-mail/Internet (par exemple pour une commande de tirages à un labo on-line). Il est néanmoins bon d’avoir une réserve quand on ne sait pas exactement ce que l’on va en faire par la suite.

    À titre indicatif, 300 dpi/ppp = 118 ppcm (encore une fois, l’influence américaine domine et le système métrique n’a guère pénétré les professions de l’image).

    Ce qui précède doit toutefois être nuancé. Pour qui veut approfondir la thématique, n'oublions pas que la définition des pixels pour un écran ou une imprimante n'est pas la même que celle d'un appareil de photo ! Pour un écran, un pixel est un point rouge + un point vert + un point bleu (pour une imprimante, un pixel est un point cyan + un point magenta + un point jaune + un point noir), alors que pour un appareil de photo, un pixel est un point rouge ou un point vert ou un point bleu. Si les fabricants d'appareils de photo comptaient comme les fabricants d'imprimantes ou d'écrans, un appareil de 8 millions de pixels n'aurait en fait que 2 millions de pixels ! (Notons en outre entre parenthèses qu'il y a 2 points verts pour chaque point rouge ou point bleu).

    Il est vrai qu'à partir de ces 8 millions de points rouges, verts ou bleus, le système (c'est-à-dire l'appareil de photo ou le programme de conversion de RAW; voir plus bas la rubrique formats) va générer 8 millions de triplets (RVB). Mais sur ces 24 millions de nombres (3x8), seuls 8 millions correspondent à une vraie mesure physique de la lumière, alors que les 16 autres millions ne sont que des interpolations basées sur les 8 millions originaux.

    Reprenons l'exemple de la carte postale tirée sur papier. Il y a 2 millions de groupes de 4 points (CMJN). Si cette carte postale provient d'un appareil à 2 megapixels, ces 8 millions de points proviennent de seulement 2 millions de mesures. Alors que si elle provient d'un appareil à 8 megapixels dont l'image à été ultérieurement réduite à 2 megapixels en divisant chaque côtés par deux, ces 8 millions de points proviennent de 8 millions de mesures. A quelques erreurs d'arrondi près, la réduction par un facteur de deux élimine quasi parfaitement l'interpolation initiale. Donc, pour une carte postale imprimée a 300 dpi, il devrait y avoir une amélioration progressive de la qualité (image plus piquée) en passant de 2 à 8 millions de pixels. Cependant, aller au delà ne devrait pas avoir d'effets appréciables.

    D'ailleurs, quand un spécialiste chevronné convertit le RAW et qu'il n'a pas l'intention d'utiliser plus de 2 millions de pixels, il fait une conversion sans interpolation. Dans ce type de conversion, chaque groupe de 4 capteurs (RV puis VB; souvenons-nous qu'il y a 2 verts) est converti en un pixel (le rouge et le bleu sont pris directement et les 2 verts sont moyennés). Malheureusement, ce type de conversion n'est généralement pas offert dans les logiciels commerciaux. Mais attention: pour faire une transformation géométrique (rotation, etc.), alors le résultat est bien meilleur si on interpole avant et qu'on réduit la photo à la fin.

    Le format d’enregistrement

    Attention au double-sens du mot format, utilisé tantôt pour désigner une dimension (le format carte postale par exemple), tantôt, comme ici, pour désigner le programme d’enregistrement (le format JPEG par exemple).

    Nous avons vu que le nombre de pixels n’est peut-être pas aussi important qu’on le croit, en ce sens que tous les appareils photo modernes donnent au moins suffisamment de pixels pour une carte postale de qualité courante, et qu’on fait rarement de plus grandes dimensions. La moyenne des appareils modernes est même plutôt de 5 mio que de 2 mio ! 5 mio suffisent largement pour un A5 et même plus.

    Le format d’enregistrement, dont on parle peu, joue en fait un également grand rôle et malheureusement, c’est là que les appareils bas de gamme sont limités, surtout si l'on veut en fin de compte travailler pour une publication imprimée.

    Il y a beaucoup de formats d’enregistrement et ils ont des variantes ou des options. Pratiquement, tous les formats peuvent être transformés en pratiquement tous les formats. Mais il faut faire très attention. Certains formats permettent une meilleure qualité que d'autres, mais une transformation d'un format en un autre permet au mieux de conserver la qualité, au pire de la détériorer. En aucun cas une transformation ne permet d'améliorer la qualité.

    Il convient de classer les formats en 2 catégories: ceux qui conservent toute l'information (c'est-à-dire la qualité) et ceux qui ne la conservent pas. Pour conserver toute l'information, un format doit

    • permettre "toutes" les couleurs (c'est-à-dire avoir 24 bits ou 16 millions de couleurs, si la profondeur est de 8 bits; voir le chapitre profondeur de couleur),

    • compresser sans pertes ou ne pas compresser (voir le chapitre compression)

    • et ne pas éliminer d'information d'une autre manière, par exemple en conservant des moyennes au lieu de toutes les données.

    Parmi ces formats on trouve: certains TIFF (la plupart, mais pas tous), PNG (sans palette), BMP (en 24 bits), la plupart des EPS.

    À l'inverse, les formats qui ne conservent pas toute l'information sont:

    • Les formats qui utilisent une "palette" de couleurs, c'est-à-dire, qui ne permettent d'utiliser qu'un nombre limité de couleurs (par exemple, un GIF peut utiliser au plus 256 couleurs choisies parmi les 16 millions de couleurs possibles, n'importe lesquelles mais pas plus de 256). Exemples: GIF, PNG (avec palette), BMP (excepté 24 bits).

    • Les formats qui compressent avec pertes. Exemples: JPEG, TIFF (dans le cas de la compression JPEG).

    • Les formats qui éliminent l'information d'une manière ou d'une autre. Par exemple, Kodak PhotoCD transforme une image RVB en une image noir-blanc plus de l'information pour ajouter la couleur (comme les systèmes de télévision PAL ou SECAM), l'image noir-blanc est ensuite conservée sans pertes; cependant, pour l'information de couleur, seule une moyenne est conservée pour chaque groupe de 4 pixels. En nombre de bits, la moitié de l'information à été éliminée.

    Il est à noter que chacun de ces 3 types représente une forme de compression avec pertes au sens large de ce terme.

    On peut passer d'un format à un autre, sans pertes de qualité, autant de fois qu'on veut, à condition de n'utiliser que des formats qui conservent toute l'information. Chaque transformation/enregistrement dans un format qui ne conserve pas toute l'information entraînera une certaine perte de qualité (petite ou grande).

    À noter également que comme une compression sans pertes conserve toute l'information, il n'y a aucune raison d'utiliser des formats sans compression pour l'archivage.

    Une autre chose à laquelle il faut faire attention, c'est que certains formats sont définis très précisément alors que d'autres formats sont des formats fourre-tout (il existe en fait un continuum du plus précis à celui qui offre le plus de variantes). Par exemple JPEG est un format très précis, il ne peut contenir que des images RVB (ou a 256 niveaux de gris) et la compression est toujours avec pertes. PNG est également relativement bien défini. Par contre, TIFF est un format fourre-tout. Les images peuvent être en RVB, CMJN, niveaux de gris, monochromes (noir et blanc seulement), avec ou sans palette, sans compression, avec compression sans pertes (4 ou 5 variantes possible), et même avec compression avec pertes (la même compression que JPEG). Lorsqu'on reçoit un fichier dans un format fourre-tout tel que TIFF, il faut l'examiner avec soin. Certaines variantes de TIFF offrent la même (mauvaise) qualité que GIF ou JPEG. Pour une bonne qualité photo, TIFF doit être en RVB 3x8 bits, non comprimé ou comprimé LZW.

    Les formats les plus fréquents  sont TIFF (TIF ou .tif, pour Tagged Image File Format) dans les arts graphiques et JPEG (.jpg, pour Joint Photographic Experts Group) dans la photo amateur et l'Internet.

    Les labos travaillent le plus souvent avec JPEG car c’est le format des appareils pour amateurs et il est plus léger en mémoire. C’est également le format idéal pour l’Internet. Ce n’est par contre qu’un pis-aller pour l’imprimeur, et seulement à certaines conditions. Pour un bon résultat, les travaux d’imprimerie requièrent de préférence le TIFF, même si d'autres formats conviennent aussi.

    Si l’on a une caméra moyen/haut de gamme, l’idéal est de photographier dans le format RAW (données "brutes" du capteur, on parle parfois d'un "négatif" numérique), que l’on transforme dans l’ordinateur en TIFF pour les étapes ultérieures (le RAW est un pur format de prise de vue et d’archivage, on ne le travaille pas tel quel ; noter également que le RAW porte différents noms selon les fabricants, par exemple NEF chez Nikon ou CRW, voire CR2, chez Canon, car ils n’ont bien entendu pas essayé de se mettre d’accord sur un standard unique !). Il existe des caméras qui font le TIFF directement, ce n’est pas recommandé, car c’est un RAW transformé et le programme qui transforme le RAW en TIFF dans un appareil photo est nettement moins performant que le programme qui transforme le RAW en TIFF dans l’ordinateur (ce programme est en principe livré avec chaque caméra, mais il en existe d'autres, y compris des libres). De plus, le RAW permet 2x plus d’images sur la carte mémoire que le TIFF (mais évidemment beaucoup moins que le JPEG). A noter qu’il est très recommandé de garder en mémoire l’image RAW après l’avoir convertie en TIFF, du moins pour des images importantes. Cela permettra un jour de repartir du point de départ avec d’autres programmes plus performants ou de meilleures connaissances (on apprend tous les jours).

    RAW et JPEG (ou JPEG seulement pour les caméras bon marché) sont en fait les seuls formats proposés par les nouveaux appareils digitaux. Les programmes de traitement d'image sur ordinateur en offrent par contre plusieurs autres:

    La compression

    Compression signifie qu'on utilise un procédé pour économiser de la mémoire. Il y a des compressions avec pertes de données, donc de qualité, et des compressions sans pertes. Dans le cas de compression avec pertes, cela signifie que toutes les données de chaque pixel ne sont pas enregistrées (un peu comme le MP3 dans le domaine de la musique). L’ordinateur calcule ensuite les données manquantes par rapport aux données voisines; en quelque sorte, il réinvente certaines parties de l’image. L’image finale n’est pas l’image d’origine mais une reconstitution de celle-ci, plus ou moins fidèle selon les sujets, comme un tableau ancien à moitié effacé qu’on aurait restauré.

    Les compressions sans pertes fonctionnent très différemment. Voici un petit exemple pour aider à comprendre. Supposons qu'on ait une image noir-blanc (donc chaque pixel est composé d'un nombre entre 0 et 255, juste pour simplifier l'exemple). Typiquement les images ont de grandes plages où toutes les couleurs sont similaires. Une ligne de notre exemple pourrait donc commencer par:

    296 203 199 194 198 ...

    Une technique consiste à garder le premier nombre, puis à conserver les différences d'un nombre à l'autre:

    296 7 -4 -5 4 ...

    On a donc maintenant quelques grands nombres (au début des lignes et là ou il y a des changements brusques de couleur) et énormément de petits nombres. Comme ces nombres sont petits, on peut les conserver sur moins de 8 bits (3 bits permettent de coder un nombre entre -4 et 3, 4 bits un nombre entre -8 et 7, etc.). Comme on utilise moins de bits, on gagne de la place. C'est en fait un peu plus compliqué et il existe beaucoup d'autres méthodes, mais c'est l'idée générale. L'important c'est de voir que cette transformation est réversible et qu'on peut reconstituer l'image sans aucune perte.

    Le JPEG est un format comprimé avec pertes, même en qualité maximum, alors que le TIFF est un format non comprimé, donc sans pertes (il existe cependant une compression sans pertes courante pour le TIFF, appelée LZW). Il en résulte que le JPEG perd de la qualité à chaque réenregistrement, par exemple si vous faites des retouches sur ordinateur. À chaque fois, c’est un peu comme si vous faisiez la photocopie d’une photocopie précédente. En JPEG, le taux de compression - donc la qualité - est ajustable, de faible à fort.

    S’il n’y a pour vous pas d’alternative au JPEG (par exemple parce que votre caméra n'offre que ce format) et que vous vouliez quand même atteindre la meilleure qualité possible, il faut donc

  • utiliser uniquement la qualité maximum (donc la compression minimum) à la prise de vue,

  • enregistrer l’image une seule fois au moment du transfert de l’appareil à l’ordinateur. Personnellement, si je dois retravailler une image JPEG, je l’enregistre tout de suite en TIFF (ou autre format sans perte, comme le PNG) ; cela ne récupère pas la qualité perdue au départ mais cela stoppe des dégradations ultérieures. Elle est alors prête pour l'archivage ou l'imprimeur. Si elle doit être tirée par un labo on-line, je la retransforme en JPEG (qualité maximum) à la dernière minute, avec juste ce qu'il faut de pixels pour le format commandé (à raison de 300-320 dpi selon les labos) afin d'optimiser le ratio poids/qualité.

  • Ne dramatisons toutefois pas, JPEG n'est pas un mauvais format, dans bien des cas l'oeil ne discerne pas la différence...

    Les compressions moyennes à fortes sont à réserver exclusivement au transfert par Internet, et à condition que le destinataire ne doive pas utiliser les images pour en tirer des copies. Pour un bon résultat documentaire et un poids correct de vos e-mails, réduisez les photos que vous communiquez à environ 600x800 pixels avec une compression moyenne. Cela donne un très bon résultat à l’écran, sans flou génant, mais c’est évidemment insuffisant pour des travaux de copie ou d’impression.

    La profondeur (nombre) de couleurs

    Elle s’exprime en bits. Le bit est la plus petite unité d’information dans le système binaire qui régit les données numériques. C’est soit un 0 soit un 1. Un byte = 8 bits.

    Au final (image sur l’écran ou données remises au labo ou à l’imprimeur) on utilise une profondeur de couleurs de 8 bits par couleur (bpc, en anglais bits per channel). Comme il y a 3 couleurs dans une caméra ou sur un écran (rouge, vert, bleu), certains parlent de 24 bits (3x8). C’est la même chose mais cela peut être trompeur…

    8 bits, cela signifie 28 nuances, soit 256. Comme il y a 3 couleurs, cela donne au total 16 mio de nuances de couleurs (256x256x256). On numérote ces nuances de 0 à 255 dans chaque couleur.

    Les bons appareils de photo travaillent à 12 bpc, certains scanners à 16 bpc. Cela peut être utile pour la retouche d’images délicates (fortes différences d'exposition dans les parties très claires et dans les parties très foncées), mais au final on ramène toujours l’image à 8 bpc.

    L’espace couleur

    Notion un peu trop complexe pour l’amateur. Disons simplement qu’aucun appareil ou document ne peut reproduire autant de nuances que l’oeil humain est capable d’en distinguer. L’espace couleur (d’une caméra, d’un scanner, d’une imprimante, etc.) est donc l’ensemble des nuances reproductibles par une machine donnée.

    On peut expliquer les espaces de couleurs de manière simple en utilisant une analogie. Supposons qu'on doive mesurer des distances et qu'on ait à sa disposition deux règles: une règle de 30 cm graduée en millimètres et une règle de 10 pouces graduée en 32ème de pouce. La règle métrique permet de mesurer 300 distances différentes et la règle anglo-saxonne 320 distances différentes. On voit qu'il faut faire une transformation mathématique pour passer d'une règle à l'autre: le nombre 138 (la 138ème graduation, c.-à-d., 13 cm 8 mm) sur la règle métrique correspond au nombre 174 (5 pouces et 7/16) sur la règle anglo-saxonne. On voit également que la règle métrique permet de mesurer certaines distances qui ne sont pas mesurable avec la règle anglo-saxonne, puisque la première fait 30 cm et la seconde 25.6 cm (10 pouces). Les espaces de couleurs sont les "règles" qui font correspondre à chaque valeur de pixel une certaine intensité lumineuse d'une certaine couleur.

    Rappelons ici qu’il y a 2 systèmes de couleurs :

  • le système additif RVB (rouge vert bleu, RGB an anglais) qui s’applique à tous les appareils fonctionnant avec des rayons de lumière (appareil photo, écran d'ordinateur, beamer, etc.). Toute la chaîne informatique est conçue pour travailler de façon optimale en RVB. Le gris est un mélange à parts égales de RVB (ci-dessous un gris moyen de valeur 118 sur l'échelle de 0 à 255), le blanc également (valeur 255). Le noir est l'absence de lumière (RVB à 0).

  • Le système soustractif CMJN (cyan magenta jaune noir, CMYK en anglais) qui s’applique à tous les appareils qui fonctionnent avec de l’encre ou des colorants, en particulier les presses offset. Il vaut mieux laisser à l’imprimeur le soin de faire la conversion de RVB vers CMJN. A noter que le noir ne fait en réalité pas partie du système, il est là uniquement pour donner de la densité à l’image. En théorie, on peut obtenir toutes les couleurs en mélangeant CMJ, mais les encres sont imparfaites et trop transparentes, d’où l’ajout de noir.

  • On remarquera en passant que les couleurs RVB sont les complémentaires de CMJ, et vice-versa.

    Les imprimantes de maison et les labos photo sont un peu des cas particuliers, en ce sens qu’ils « tirent » ou impriment en CMJN, mais doivent recevoir des données RVB, la conversion se faisant automatiquement à l’intérieur de la machine.

    Il est bon de comprendre pourquoi les imprimeurs préfèrent travailler tout au long de la chaîne dans un format CMJN. On peut mathématiquement convertir RVB en CMJN et vice-versa (sans pertes de qualité, sans même aucune erreur d'arrondi). À première vue, cela n'a donc aucune importance: il n'y a qu'à utiliser un programme qui convertit automatiquement le RVB avant de l'imprimer avec les 4 encres CMJN (comme le font toutes les imprimantes amateurs). La raison pour laquelle les imprimeurs travaillent en CMJN, c'est que, bien qu'il n'existe qu'une seule manière de transformer CMJN en RVB, il existe un grand nombre de transformations possibles de RVB en CMJN.

    Avec des encres (théoriques) parfaites, on obtiendrait le même résultat quel que soit N. Cependant les encres ne sont pas parfaites et les résultats peuvent être très différents. Les imprimeurs savent comment optimiser la conversion RVB en CMJN pour obtenir les meilleurs résultats sur leur presse d'imprimerie. Si un autre que l'imprimeur fait la transformation, elle ne sera pas optimale (et donc à refaire), raison pour laquelle il vaut mieux lui donner le fichier RVB.

    Pour en revenir à l’espace couleur, disons qu’il y en a plusieurs à l’intérieur de chacun des systèmes, mais l’amateur n’a guère le choix, ni le besoin d'en changer. Tous les appareils courants du marché travaillent dans un espace appelé sRGB. Il faut des programmes de haut niveau, comme la version professionnelle de Photoshop (actuellement CS2 version 9.0), pour "gérer" d’autres espaces (ce qui ne veut pas dire "afficher à l'écran", qui ne peut afficher que les couleurs supportées par la carte graphique, qui est toujours sRGB). De plus, ce n'est utile que pour les gens qui possèdent du matériel d'impression de très haute qualité. Dans ce cas, l'espace le plus courant est Adobe RGB (1998).

    La balance des blancs

    On l’appelle aussi température de couleur. Elle s’exprime en degrés Kelvin. Le degré K est le même que le Celsius, mais en partant du zéro absolu, le nombre est donc plus élevé de 273 (en chiffres ronds). Pourquoi exprimer la qualité du blanc avec une température ? Imaginez un corps noir théoriquement parfait qu’on chauffe jusqu’à ce qu’il émette de la lumière. A 5600 degrés K, la lumière est blanche, environ comme celle du soleil en été, à midi, au niveau de la mer. Plus bas, on vire dans le rouge, plus haut, cela devient bleuté. La température de couleur de la lumière du soleil change au long de la journée. Les lampes ont en général dans les 3000 K. Les tubes fluorescents ordinaires et les lampes économiques n'ont pas un spectre complet, ils peuvent fausser les couleurs.

    Si l’appareil numérique (ou le film) n’est pas ajusté à la lumière, on aura donc des dominantes de couleur.

    Les appareils digitaux ont une balance des blancs automatique, qui fonctionne souvent assez bien. On peut en général aussi la choisir à la main, ou la mesurer (on prend une surface blanche qu’on éclaire avec la lumière choisie, et on procède à la mesure; toutes les photos prises avec cette lumière auront alors des couleurs équilibrées).

    On a ici un autre gros avantage du format RAW. La balance des blancs réglée sur l'appareil n'a aucune influence sur les données brutes du capteur. On peut faire ses photos en RAW sans se soucier de la balance des blancs et simplement la régler correctement après coup.

    Les écrans d’ordinateur sont souvent réglés à 6500 K, soit un "quart de poil" vers le bleu.

    Scanner des images

    Si vous devez scanner des images existantes, faites le si possible en TIFF (voir le chapitre "format"), avec une définition de 300 dpi si l’image ne doit pas être agrandie, avec une définition de 600-1200 dpi s’il s’agit d’une petite image à reproduire en grand. Attention, les images imprimées, donc tramées, peuvent provoquer une vilaine farce appelée moirage.  Si vous scannez ces images à 600 dpi, cela facilitera peut-être la retouche…Les dessins, graphiques et autres gravures devraient aussi être scannés si possible à 600-1200 dpi.

    Photographier avec des films

    Il y a encore beaucoup d’appareils à films en circulation (on parle maintenant de photo analogique ou argentique, cela fait « in »).

    Avec un bon appareil et un bon photographe, la photo sur film est encore de qualité incomparable, mais pour le citoyen Lambda, c’est en train de devenir une illusion. Pour tirer le maximum d’un film, il faut en effet faire des agrandissements traditionnels par voie optique. Or, en dehors des labos professionnels, les machines qui font cela sont peu à peu en voie de disparition. De plus en plus de labos scannent les films à relativement basse définition et en font des tirages digitaux, ni plus ni moins bons que ceux faits à partir d’appareils numériques. Vous ne savez la plupart du temps même pas ce que vous recevez. A titre d’exemple, selon informations reçues, un grand labo de K. traite les films par voie optique lorsque les copies sont commandées en même temps que le développement, mais les scanne lorsqu’il s’agit de recommandes (je suppose que ce n’est pas une question de volonté, mais le résultat des machines à disposition, qui ne datent pas toutes de ce matin…). Les machines modernes et automatiques qu’on voit dans les labos « en 1 heure » scannent les films. A noter aussi que dans le monde du tirage papier, le format JPEG domine.

    Faire scanner ses films

    Tous les labos vous proposent de scanner vos films sur CD, c’est très économique si on le demande en même temps que les copies papier. Renseignez-vous sur la définition proposée, elle peut être faible, mais si c’est 6 mio de pixels comme dans « mon petit labo du coin », c’est bien suffisant pour la plupart des usages. Noter cependant que c’est toujours et "seulement" du JPEG.

    Retoucher les images numériques

    Cela demande des connaissances, de l’expérience et un programme performant. De plus, il faut savoir que tous les écrans sont faux (surtout en termes de couleurs) et jamais pareils. Vous avez peut-être déjà constaté que vos tirages ne correspondent pas à l’écran. Impossible de faire des corrections sûres dans ces conditions, car vous ne savez pas ce qui est défaut de la photo et ce qui est défaut de l’écran. On ne peut retoucher valablement, en particulier en ce qui concerne les couleurs et les dominantes, que sur un écran calibré. Le calibrage se fait avec un photo-colorimètre spécial (principales marques: Gretag, Monaco), qui mesure les défauts de l’écran, en établit un profil et applique une correction à toutes les images, en sorte que l’on voit une image correspondant à la réalité. Tous les imprimeurs, tous les labos ont du matériel calibré. C’est à la portée d’un amateur averti qui consent à l’investissement, mais ce n’est pas encore répandu. On trouve beaucoup d’information à ce sujet sur Internet ou dans le livre "Gestion de la couleur, calibration et profils ICC pour l'image numérique et la chaîne graphique" de Gérard Niemetzky, Editions Eyrolles.

    Quand vous retouchez, enregistrez toujours en TIFF ou autre format sans pertes après la retouche, même s'il s'agit à l'origine d'un  JPEG.

    24.3.2006

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